©
Dominique Hasselmann
|
« Vous
qui passez sans me voir... »
Dans
la lumière humide d'avril,
il
passe, il ne me voit pas
de
toute façon, il ne me regarderait pas
il
détournerait les yeux.
Il
fixe sa tablette tout en marchant,
il
se croit connecté…
---
Aujourd'hui,
moi, j'ai déconnecté,
je
suis resté sous la tente,
fragile
esquif au cœur de la ville,
bulle
où commence la contrée nommée exclusion,
il
ne veut pas en franchir la frontière,
ne
serait-ce que d'un regard…
Je
suis l'incarnation de ses pires craintes.
---
A
louer, la pancarte est là depuis des semaines...
Quelqu'un
s'est-il dit une seule fois :
celui
qui est assis sur le seuil,
celui
qui est allongé sous la tente,
d'autres
aussi
pourraient
y trouver un abri de fortune.
C'est
sûrement pas chauffé
mais
au moins, ils auraient un toit sur la tête…
---
N'ont-t-ils
pas plutôt pensé
Allez
wake up, bouge-toi feignasse
T'as
deux bras, deux jambes...
Je
suis une vie qui ne compte pas,
pas
même une ombre de la rue.
---
Je
suis le spectateur de leurs vies,
nos
quotidiens sont deux mondes même pas parallèles...
Je
ne suis pas l'invisible,
je
suis l'invu, l'inregardé.
---
Ce
texte a été publié pour la première
fois sur « Métronomiques »,
le blog de Dominique Hasselmann,
dans le cadre des Vases
Communicants de mai 2016.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire