Sur
la place, la clameur du petit cirque s’était tue. Le silence et le
rituel tintement, balise du temps qui passe, au clocher de l’église,
avaient repris leurs droits.
La
veille, le clown a rangé son nez rouge dans la boîte à maquillage
et l’auguste son chapeau blanc conique dans son carton, les
acrobates ont démonté avec précaution le trapèze et le
trampoline, le funambule a minutieusement enroulé son fil, l’écuyère
a plié soigneusement son costume pailleté dans la valise bleue,...
Dans la douce lumière dorée du soleil vespéral, ils ont démâté
puis enroulé le petit chapiteau rouge et jaune. Entre chien et loup,
juste avant que n’apparaisse le halo bleuté de la lune, ils ont
chargé tout le matériel dans le grand camion.
A
l’aube, ils ont conduit leur modeste ménagerie dans les cages.
Dans le petit matin blanc, ils ont attachés les longues caravanes
aux grosses voitures ; les portières ont claqué.
Dans
l’éclat verdâtre des réverbères, ils passent devant l’église.
La lumière éclaire faiblement la fillette qui a passé quelques
jours dans l’école du village. Derrière la vitre, son visage est
illuminé par un sourire. Sur ses genoux, la petite volière avec les
colombes de son père, le magicien. Elle emporte un peu de la chaleur
des bras d’une fillette gadji qui lui a accordé son amitié malgré
la peau couleur acajou, la saleté et la robe défraîchie.
Ils
partent vers un autre bourg. Reviendront-ils l’an prochain ?
Sera-t-elle encore avec eux ? L’empreinte d’une main à la
peinture rouge esquissée dans les toilettes du préau est-elle un
signe laissé à l’intention de son amie ?
Ce
texte a été écrit dans le cadre du cycle d'ateliers d'écriture de
l'été 2016 : « back
to basics, 5 | la route rouge de Rimbaud
» proposé par François Bon, sur le Tiers-Livre.
et toujours pour nous autres fixés la poésie des petits cirques
RépondreSupprimerTrès beau texte!
RépondreSupprimer