© Franck Queyraud Le Rhin, ses nuages et tout ce qu'on ne dit pas |
Sa
venue au monde fut comme la traversée d’un tunnel long et obscur.
Elle en garde un goût pour les voyages immobiles et solitaires.
Enfant, on la dit timide et renfermée ; on la trouve taciturne.
Sa compagnie préférée, les personnages des histoires qu’on lui
raconte puis des romans qu’elle lit.
Lorsqu’elle
franchit la porte de la maison, elle marche en regardant ses pieds au
bout desquels s’ouvre un univers de surprises et de rencontres.
Sur
les trottoirs de la ville, elle recherche les pousses vertes dont le
combat entêté contre le goudron la réjouit et elle tente de
décrypter les traces laissées par l’humanité si peu soucieuse de
respect. Dans l’herbe, elle part en quête de trèfles à quatre
feuilles, observe les insectes affairés et cueille parfois quelques
fleurs qu’elle laisse sécher entre les pages des livres.
Elle
rapporte toujours dans sa poche quelques cailloux dont elle aime les
couleurs et les formes, dans ses oreilles les voix des hommes et les
sons de la nature.
Un
jour que ses yeux précèdent ses pas sur le chemin, elle trébuche
et tombe. A plat ventre dans l’herbe, elle se retourne, voit le
ciel, découvre les nuages et leur course, elle apprend la fuite
éperdue. Elle part vers l’horizon. Chaque regard lui révèle que
l’univers qui se déroulait au bout de ses pieds est l’abrégé
du cosmos tout entier.
Elle,
n’est qu’une partie du Grand Tout. Elle suit les nuages et le
fleuve jusqu’à la mer.
Dans
le sable de la plage, elle cherche les cailloux lissés par le flux
et le reflux, les coquillages nacrés par l’alchimie de l’eau et
du vent. Elle déchiffre les dessins de l’écume et ceux laissés
par la mer lorsqu’elle se retire. Elle écoute le ressac des
vagues.
Silence.
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Ce
texte a été publié pour la première fois sur « Mémoire silence »,
le blog de Franck Queyraud, dans
le cadre des
Vases
Communicants de septembre 2016.
et va savoir pourquoi on l'aime bien et la sent proche :-)
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