vendredi 5 août 2016

Vases Communicants du 5 août 2016 : Invitée : Françoise Renaud : Existence soudain fragmentée



Françoise est auteure. Avec son blog, elle nous emmène sur le « terrain fragile » de l’écriture. Sur son site personnel ; elle écrit : « J’aime collaborer avec d’autres artistes, me lancer dans des projets où différents univers et disciplines se rejoignent, se complètent, où s’estompent les frontières. L’écriture réclame la musique — une évidence pour moi —, exulte avec les arts plastiques, s’accorde avec la danse ou les arts de l’image. »

Pour ces Vases Communicants, elle a accepté « avec joie » ma proposition d’échange. Nous avons choisi d’écrire chacune sur une photo de l’autre.

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Existence soudain fragmentée

Nuit jour. Dedans dehors. Corps agissant, résonnant, travaillant, pleurant, communiquant, dormant, se taisant. Les murs sont des frontières entre le ciel illimité et la chambre où ils vivent. C’est la matière qui les guide. La matière du réel, du dehors et du dedans, de la nuit et du jour, du désir et de l’ombre. De l’univers dans tous ses états. Parfois ils se demandent de quoi il s’agit, là sur cette terre, dans ce monde tel qu’il s’est façonné autour d’eux. Ils savent éprouver joie, contrariété, terreur. Mais quand la matière se fige, ça fait des creux dans le temps. Juste après, les heures ne passent plus de la même manière. Les cœurs sont brisés. L’avenir anéanti.
Drames toujours.
Inscrits dans l’ocre du sable.
Ils apprennent le dernier en date par la télévision, par la Toile. Le lendemain au café ou sur le marché en faisant les courses. Un coup de folie entre nuit et jour. Haine et colère. Tout le monde en parle, parle de l’existence soudain fragmentée. Le dehors a fait irruption dans le dedans. L’architecture des bâtiments se moule autour du corps des hommes et des femmes qui pleurent devant le carnage — personne n’aurait pu l’empêcher d’arriver. Brèches. Chambres noires. Froid et chaud. Certains voudraient s’en retourner dans les espaces du ventre d’où ils sont venus ou d’un autre semblable, petites huttes en peau munies d’une porte pareille à une vulve — une forme qui s’oppose au rectiligne des rues, des écrans, des fenêtres. Qui s’oppose à la douleur. Pour s’y abriter. Jusqu’au soir. Mon amour. Je te tiens par la main. Il ne t’arrivera rien.

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François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle depuis le mois de novembre dernier.


Aujourd’hui, j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Françoise Renaud pour ces Vases Communicants et de publier son texte « Existence soudain fragmentée » sur La dilettante.


Je la remercie d'accueillir mon texte « S'ouvrent les vannes du plaisir... » sur son blog : Terrain fragile.





7 commentaires:

  1. Difficile d'échapper au dehors, même en se cloisonnant au dedans de soi...
    Belle photo...

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    1. Merci pour la visite.
      Pour la photo, je regardais beaucoup par ma fenêtre (ciel, météo, jardins en plongée, ce qui se passaient chez les voisins aussi)et prenais beaucoup de photos lorsque j'habitais un quatrième... Depuis que je suis en RDC, ça me manque. Bonne soirée.

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  2. Dit avec pudeur.
    Je crois que nos Vases Co ont un seul thème ce mois-ci.

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    1. Merci Sylvie pour la participation et les lectures attentives. Bonne soirée.

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  3. Hopper, microcosme sobre et concis qui appelle les soirées automnales, mais aussi et plus personnelle l'architecture d'Auguste Parret, celle qui ouvre ma ville natale aux larges avenues fouettées par le vent d'ouest, cubes vêtues de mosaïques qui propagent vers la porte océane les sirènes des navires.
    Le Havre...
    Merci pour votre texte sur "Terrain fragile", merci à Françoise, merci pour cette vision. Potager et vie citadine ravivent des souvenirs, couleur sépia.
    Serge Dupont-Valin.

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    1. Merci à vous pour cette lecture attentive et bienveillante. Bonne soirée. Marie-Noëlle

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  4. dé-façonner / dé-fragmenter le monde

    et, en regard, Anise Koltz :

    Dormez –
    si je vous réveille
    vous mourrez

    Dans ma cuisine
    je prépare déjà le repas
    pour l'autre vie

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