Françoise
est auteure. Avec son blog, elle nous emmène sur le « terrain
fragile » de l’écriture. Sur son
site personnel ; elle écrit : « J’aime
collaborer avec d’autres artistes, me lancer dans des projets où
différents univers et disciplines se rejoignent, se complètent, où
s’estompent les frontières. L’écriture réclame la musique —
une évidence pour moi —, exulte avec les arts plastiques,
s’accorde avec la danse ou les arts de l’image. »
Pour
ces Vases Communicants, elle a accepté « avec joie » ma
proposition d’échange. Nous avons choisi d’écrire chacune sur
une photo de l’autre.
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Existence
soudain fragmentée
Nuit
jour. Dedans dehors. Corps agissant, résonnant, travaillant,
pleurant, communiquant, dormant, se taisant. Les murs sont des
frontières entre le ciel illimité et la chambre où ils vivent.
C’est la matière qui les guide. La matière du réel, du dehors et
du dedans, de la nuit et du jour, du désir et de l’ombre. De
l’univers dans tous ses états. Parfois ils se demandent de quoi il
s’agit, là sur cette terre, dans ce monde tel qu’il s’est
façonné autour d’eux. Ils savent éprouver joie, contrariété,
terreur. Mais quand la matière se fige, ça fait des creux dans le
temps. Juste après, les heures ne passent plus de la même manière.
Les cœurs sont brisés. L’avenir anéanti.
Drames
toujours.
Inscrits
dans l’ocre du sable.
Ils
apprennent le dernier en date par la télévision, par la Toile. Le
lendemain au café ou sur le marché en faisant les courses. Un coup
de folie entre nuit et jour. Haine et colère. Tout le monde en
parle, parle de l’existence soudain fragmentée. Le dehors a fait
irruption dans le dedans. L’architecture des bâtiments se moule
autour du corps des hommes et des femmes qui pleurent devant le
carnage — personne n’aurait pu l’empêcher d’arriver.
Brèches. Chambres noires. Froid et chaud. Certains voudraient s’en
retourner dans les espaces du ventre d’où ils sont venus ou d’un
autre semblable, petites huttes en peau munies d’une porte pareille
à une vulve — une forme qui s’oppose au rectiligne des rues, des
écrans, des fenêtres. Qui s’oppose à la douleur. Pour s’y
abriter. Jusqu’au soir. Mon amour. Je te tiens par la main. Il ne
t’arrivera rien.
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François
Bon
a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque
mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par
Brigitte
Célérier
; Angèle
Casanova
a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle
depuis le mois de novembre dernier.
Aujourd’hui,
j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Françoise Renaud pour
ces Vases Communicants et de publier son texte
« Existence soudain fragmentée » sur La dilettante.
Je
la remercie d'accueillir mon texte « S'ouvrent les vannes du plaisir... » sur
son blog : Terrain
fragile.
Difficile d'échapper au dehors, même en se cloisonnant au dedans de soi...
RépondreSupprimerBelle photo...
Merci pour la visite.
SupprimerPour la photo, je regardais beaucoup par ma fenêtre (ciel, météo, jardins en plongée, ce qui se passaient chez les voisins aussi)et prenais beaucoup de photos lorsque j'habitais un quatrième... Depuis que je suis en RDC, ça me manque. Bonne soirée.
Dit avec pudeur.
RépondreSupprimerJe crois que nos Vases Co ont un seul thème ce mois-ci.
Merci Sylvie pour la participation et les lectures attentives. Bonne soirée.
SupprimerHopper, microcosme sobre et concis qui appelle les soirées automnales, mais aussi et plus personnelle l'architecture d'Auguste Parret, celle qui ouvre ma ville natale aux larges avenues fouettées par le vent d'ouest, cubes vêtues de mosaïques qui propagent vers la porte océane les sirènes des navires.
RépondreSupprimerLe Havre...
Merci pour votre texte sur "Terrain fragile", merci à Françoise, merci pour cette vision. Potager et vie citadine ravivent des souvenirs, couleur sépia.
Serge Dupont-Valin.
Merci à vous pour cette lecture attentive et bienveillante. Bonne soirée. Marie-Noëlle
Supprimerdé-façonner / dé-fragmenter le monde
RépondreSupprimeret, en regard, Anise Koltz :
Dormez –
si je vous réveille
vous mourrez
Dans ma cuisine
je prépare déjà le repas
pour l'autre vie