Lors des Vases Communicants de juillet sur le blog de Danielle Masson, j'avais terminé
mon texte par une invitation :
(A suivre…
Comme une invite à Marie-Christine
Grimard pour un futur Vase Communicant, si elle y consent. Quand je relis ce fragment inaugural, je
trouve en effet qu'il pourrait ouvrir une histoire comme celles qu'elle partage
sur son blog.).
Lorsque j'ai contacté Marie-Christine Grimard pour qu'elle
poursuive ce texte dans le cadre de ces VasesCo d'octobre, elle a accepté et je
l'en remercie de tout coeur.
Aujourd’hui, j’ai donc le très grand plaisir d'accueillir Marie-Christine
Grimard pour ces Vases Communicants et de publier sur La dilettante « La
poupée 1 », suite qu'elle a écrite à Straw doll. Je poursuis et termine ce
texte sur son blog avec « Poupée 2 ».
La poupée 1/2
Photo de Danielle Masson
Le tintement de la clochette résonna jusqu’aux tréfonds de la
maison, rebondissant sur les murs du corridor, faisant frissonner les feuilles
de la glycine au-dessus du portail. La poupée de paille sembla alors accentuer
son sourire en signe de bienvenue.
Jane avait toujours été une fille courageuse mais le sourire de
cet épouvantail grimé en jardinière lui semblait de mauvaise augure. La
figurine accrochait ses moignons de raphia, aux barreaux du portail et fixait
le mur voisin de ses yeux en bouton de bottine, mais son sourire écartelé entre
deux pommettes roses ne parvenait pas à adoucir l’expression hostile de son
regard fixe. Jane essaya de ne pas penser à ces films d’horreurs où l’assassin
était grimé en clown, c’était trop tard pour reculer. La sonnette retentit de
nouveau sans qu’elle n’ait touché la chaîne, comme pour lui signifier son
impatience.
Après avoir jeté un coup d’œil par-dessus son épaule, implorant
vainement du regard l’aide des rares passants indifférents à son émotion, elle se décida à franchir le seuil. Elle
n’avait fait que deux pas dans le corridor lorsque la porte se referma
brusquement derrière elle, dans un bruit de tonnerre. Elle faillit battre en
retraite, lorsqu’il lui sembla entendre un rire étouffé provenir de la poupée
du portail. Glacée d’effroi, elle partit en courant dans le couloir sombre
jusqu’à une issue qui lui semblait donner sur le jardin. Elle se heurta à une
porte close. Affolée, sans savoir pourquoi, elle avisa un escalier en colimaçon
et s’y engagea sans réfléchir. Elle s'arrêta sur le palier de l’étage,
reprenant son souffle. Le silence régnait et une douce lumière entrait par la
fenêtre de la pièce du fond. L’atmosphère était paisible, l’odeur du parquet
fraîchement ciré et la couleur de miel des murs vernissés, lui rappelaient la
maison de sa grand-mère.
Elle se dirigea vers cette lumière, si douce qu’elle était sûre
que rien de fâcheux ne pourrait lui arriver si elle la suivait. Elle entra dans
la chambre, s’approcha de la fenêtre jusqu’à pouvoir toucher le rayon de miel
qui filtrait à travers les rideaux. En contre-bas, le jardinet était planté de
tournesols, dont les fleurs géantes semblaient la dévisager du même regard que
celui de la poupée de raphia.
Elle perçut sa présence avant même de l’entendre et se retourna
brusquement au moment où une voix de vieille femme s’élevait dans la chambre.
Elle était assise à un bureau d’école en bois buriné de coups de règles et de
taches d’encre, habillée d’un tablier de jardinier décoré d’une fleur de
tournesol, et d’un chemisier blanc parsemé de fraises. Jane eut l’impression de
se trouver devant le modèle humain de la poupée du portail.
- Eh bien, ma
petite, tu as été bien longue, encore quelques heures et j’allais perdre
patience !
François Bon a été à l’origine de ces échanges le
premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient
coordonnés par Brigitte
Célérier ; Angèle
Casanova a pris le
relais à partir de novembre 2014. Je vais essayer de prendre le relais à mon tour pour la liste mensuelle. Vous qui lisez ce texte, pensez aux VasesCo pour que vivent ces beaux échanges.
Ces bureaux d'école parsemés aussi de mots gravés, comme on en voit sur les murs des prisons... Mystérieuse apparition...
RépondreSupprimerInquiétants tournesols, heureusement le soleil est là
RépondreSupprimerl'air ardent qu'il lui restait
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