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lundi 6 avril 2020

Silence : Ronde d’avril avec Giovanni Merloni


Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Silence ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Giovanni Merloni qui est l’auteur du blog : « Le portrait inconscient ».
Quant à Hélène Verdier, elle accueille mon texte sur le sien : Simultanées.

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LA CURE DU SILENCE

« Quand Isabelle dort plus rien ne bouge »
Jacques Brel

Pendant ces jours qui vont devenir des mois, nous nous découvrons tous plongés dans la même pensée (qui n’est pourtant pas une "pensée unique”) formant en chacun de nous un épais nuage de silence.

C’est d’abord le silence de tout ce qu’on ne doit même pas murmurer, puis le silence des mots qui ne seraient pas nécessaires ni opportuns, enfin le silence qui ne brise pas le silence qui règne au-dehors de nous par une voix déplacée, par un accent exagéré, par une gaffe, soit-elle insignifiante même.

Notre silence, tout comme le silence au-dehors, ce n’est pas le résultat d’un vent destructeur mais, au contraire, la prouve vivante de notre capacité, individuelle et collective, de résister respectueusement à la peur... qui, à son tour, est en train peut-être d’apprendre à s’exprimer silencieusement, essayant de ne pas faire du bruit quand elle doit sortir de son redoutable silence ou lorsqu’elle comprend que l’heure est venue d’y rentrer vite.

Le silence devient ainsi la ressource extrême où les humains vont puiser pour être en mesure de supporter le chagrin que déchaîne le silence de ceux et celles, autour de nous, qui disparaissent à jamais, ajoutant leur silhouette invisible aux sombres statistiques du silence. 
Chacun de nous a donc besoin d’une provision supplémentaire de silence, voire d’un endroit silencieux et secret, installé à mi-chemin entre le cœur et l’esprit, pour y héberger la douleur pour ces frères humains qui meurent à notre place, s’écroulant un à un, qui sait où, dans une silencieuse bataille qu’il ont dû se résoudre à combattre du jour au lendemain, sans transition, pour avoir offert un seul baiser, pour avoir serré une seule main ou alors pour avoir aidé, un jour, un autre être humain à se lever et marcher.

Tout cela ne jaillit pourtant pas, dit-on, de l’invention de quelques esprits malades. Pendant que coulent physiquement autour de nous des jours étranges, pourtant foudroyés par une inattendue beauté printanière, l’ancien vacarme de la ville essaie de se faire oublier ou bien s’approche timidement de notre fenêtre, sur la pointe des pieds, pour ne pas déranger le silence éphémère  de notre prison large ou étroite.  

Demeurer en silence c’est finalement le moindre mal, un seuil invisible que nous apprenons à ne pas franchir, pour sauver nous-mêmes ainsi que les autres, évitant de les traîner dans le gouffre, rien que par un seul geste d’amour.

Cependant il reste debout, ineffaçable en chacun de nous, le désir de revivre le plus tôt possible ce geste, avant d’arpenter un à un les lieux où le pas des autres ne nous faisait pas peur, où leur voix nous attirait par sa chaleur unique et sa prodigieuse essence vitale.

D’ailleurs, nous ne pouvons pas nous empêcher de rêver, en dépit des bornes physiques et mentales de notre enfermement. Par exemple — en cachette, dans un cagibi de l’esprit que j’ai bâti tout seul avec les armes patientes du silence —, je me vois confortablement assis dans une voiture à pédale où des hommes très adroits ont appliqué, à la place des roues, des skis de bois parfaitement lisses et silencieux. 
En cette hypothèse, aussi hasardeuse qu’hantée de clairvoyance, le moindre bruit serait préjudiciable au succès ainsi qu’à la première timide démarche de mon entreprise farfelue.
Et voilà que dans mon cagibi, sans faire de bruit, un vent gelé s’est faufilé, tandis que le grand hublot bleu, lui aussi en silence, demeure scandaleusement ouvert sur le vide.
De là-haut, nous pourrions glisser, mon traîneau et moi, avec la certitude de tomber sur un boulevard parfaitement blanc, lisse comme s’il y avait une épaisse pellicule de neige et bien sûr silencieux. 
Si le blanc est la synthèse de toutes les couleurs, le silence est la grande couche où tous les bruits de la terre s’estompent... cela revient à une intime évidence :
« Le blanc est la couleur même du silence ! »

En sortant par le grand hublot bleu de mon cagibi, je vais sans doute découvrir qu’il n’y a aucune solution de continuité entre mon silence intérieur, le silence de la ville et le silence du monde. 
En un éclair, une fois rattrapées les portes les plus éloignées de Paris, je vais découvrir aussi qu’au-dehors d’elles on respire le même silence.
Un silence qui parle.
Un silence qui retient le souffle.
Un silence désespéré et indomptable à la fois.

Un silence qui m’exhorte pourtant à être sage, à ne pas commettre le sacrilège si longuement échafaudé de rendre visite un à un à tous les endroits que je connais autour de moi, en m’approchant des portes où d’autres personnes — connues, inconnues, peu importe — savourent le même silence que moi... et frapper, même de façon imperceptible, par un toc toc que n’importe quelle autorité jugerait en dessous du seuil de silence autorisé. 
Cela déclencherait inévitablement un vacarme endiablé qui tout de suite après se propagerait comme une maudite inexorable contagion.

Et l’on perdrait toutes les vertus du silence. 
Donc, en attendant que tout le monde se réveille guéri, je renonce au privilège de cette petite pièce luxuriante et décide, en me taisant, de faire tout ce que je peux pour que cette immense, invisible étendue de maisons et de rues, de terrains vagues et de champs demeure paisiblement effondrée dans le silence. 

Parce que personne n’a jamais su aussi bien écrire que se taire. Parce que celui qui se tait donne, par le silence, son accord à la cure du silence. Parce que le silence est d’or.

« Sinon, j’ai toujours su que tout ce qu’on peut "éviter" — en faisant recours à notre esprit de conservation ainsi qu’à la force de notre amour pour les autres frères humains — va rendre sans doute moins "inexorable" toute vague destructrice et meurtrière dont la science et l’intelligence des hommes généreux est toujours en condition de connaître et maîtriser la portée. »   

Giovanni Merloni

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LA CURA DEL SILENZIO

« Quand Isabelle dort plus rien ne bouge »
Jacques Brel

In questi giorni che diventano mesi ci troviamo tutti a pensare, credo, le stesse cose. O la stessa cosa, che forma una spessa e quasi tangibile nuvoletta di silenzio dentro ognuno di noi.
Il silenzio di tutte le cose che non si debbono dire, che secondo noi non è bene dire, innanzitutto per non rompere il silenzio che è fuori di noi con una voce stonata, con un accento sbagliato, con una anche piccolissima gaffe.
Il nostro silenzio, come quello di fuori, non è il risultato di un vento devastatore ma, al contrario, la prova della nostra capacità individuale e collettiva di resistere rispettosamente alla Paura... che, a sua volta, sta forse imparando a esprimersi silenziosamente, facendo attenzione a non fare rumore quando deve per forza uscire dal proprio terribile silenzio o quando capisce che è venuta l'ora di rientrarvi in fretta.

Il silenzio si rivela così  l'estrema risorsa a cui possono attingere gli umani per poter sopportare il dolore provocato dal silenzio di coloro che intorno a noi, chissà dove, spariscono per sempre, andando ad aggiungersi alle cupe statistiche del silenzio.

Ognuno di noi ha dunque bisogno di una provvista supplementare di silenzio, ovvero di un luogo silenzioso e segreto, situato a metà strada tra la mente e il cuore, dove ospitare il dolore per la scomparsa di coloro che ci lasciano per morire al posto nostro, cadendo uno a uno, chissà dove, in una silenziosa battaglia che si son trovati a dover combattere dall'oggi al domani, senza transizione, per aver dato un solo bacio, per aver stretto una sola mano o per aver aiutato, un giorno, un altro essere umano ad alzarsi e camminare.

In questi giorni strani che non scaturiscono, purtroppo, dall'invenzione di qualche mente malata ma scorrono fisicamente intorno a noi con una loro inattesa bellezza primaverile, l'antico rumore della città cerca di farsi dimenticare o si affaccia timidamente, sulla punta dei piedi, per non disturbare il precario silenzio della nostra piccola o grande prigione.  

Il nostro stare in silenzio è dunque il male minore, una soglia invisibile, che ci stiamo abituando a non varcare, per salvare noi stessi e tutti gli altri esseri umani possibili e immaginabili che noi stessi potremmo trascinare nel baratro, magari per un solo gesto d'amore.

Ma resta vivo, insopprimibile in ognuno di noi il desiderio di rivivere al più presto quel gesto e di ripercorrere uno a uno i luoghi dove il passo degli altri non ci faceva paura, dove le voci ci attiravano con tutto il loro calore e le loro essenze vitali.

Non possiamo impedirci di sognare, pur nei limiti fisici e mentali del nostro "enfermement".. Per esempio, a me piace, in segreto, in un cagibi della mente che mi sono da solo costruito con le pazienti armi del silenzio, immaginarmi seduto su una antica carrozza dove, al posto delle ruote, qualcuno che lo sa fare ha applicato una slitta perfettamente levigata e silenziosa. 
In questa mia azzardata e forse antiquata ipotesi, ogni rumore potrebbe pregiudicare l'esito o anche la sola messa in pratica della mia stramba iniziativa.
Dunque nel cagibi è entrato, in silenzio, un vento gelato e una porta si è aperta silenziosamente sul vuoto.
Da lì potremmo scivolare, io e la mia slitta silenziosa, certi di trovare il boulevard perfettamente innevato e silenzioso. Il bianco è la sintesi di tutti i colori come il silenzio è la grande coltre dove sono assorbiti tutti i rumori della terra (direi perfino che « il bianco è il colore del silenzio »).
Partendo, scoprirei che non c'è nessuna soluzione di continuità tra il mio silenzio interiore, il silenzio della città e il silenzio del mondo. 
In un baleno raggiungerei le porte estreme di Parigi e scoprirei che anche fuori di esse si respira lo stesso identico silenzio.
Ma sarebbe per me un sacrilegio, ritrovare uno a uno tutti i luoghi che conosco intorno a me, avvicinarmi alle porte di tutte le persone che come me stanno bene o male assaporando il mio stesso silenzio e bussare, anche impercettibilmente, con un toc toc che qualsiasi autorità considererebbe al di sotto della soglia di silenzio consentito. Provocherei un baccano che subito si propagherebbe come un maledetto contagio.
E si perderebbero tutte le virtù del silenzio. Dunque io rinuncio al privilegio di questa stanzetta segreta come al più scandaloso dei lussi e, tacendo, decido di fare la mia parte in questa immensa invisibile distesa di case e strade sprofondate nel silenzio.
Perché un bel tacer non fu mai scritto. Perché chi tace acconsente fieramente e orgogliosamente alla cura del silenzio. Perché il silenzio è d'oro.

Giovanni Merloni

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Entrent dans cette ronde du silence…
Giovanni Merloni qui viens chez moi ;
ensuite, je vais chez Hélène Verdier : Simultanées ;
Hélène chez Noël Bernard : Talipo;
Noël chez Franck : À l'envi ;
Franck et Céline Gouël chez Dominique Autrou : La distance au personnage ;
Dominique chez Jacques : La vie de Joseph Frisch ;
enfin, Jacques attrape la main de Giovanni Merloni : « Le portrait inconscient » ; etc.




mardi 15 octobre 2019

Épreuve(s) : Ronde d’octobre 2019 avec Dominique Hasselmann


Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Épreuve(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Dominique Hasselmann qui est l’auteur du blog : « Métronomiques ».
Quant à Giovanni Merloni, il accueille mon texte sur le sien : « Le portrait inconscient ».

Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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Épreuve de philosophie
(4 heures)
Sujet : Épreuve(s).


Mon grand-père paternel avait été un combattant de Verdun. Tout petits, nous l’écoutions raconter ses jours passés dans les tranchées, la boue, la pluie, le froid, la sensation qu’il était impossible « d’en revenir ». Il avait connu « l’épreuve du feu ». Ce déluge de shrapnels, ces bombardements incessants, le sifflement des balles de fusils et de mitrailleuses des soldats d’en face, « les Boches » : la symphonie pour un massacre était restée gravée dans sa mémoire.
Dans le grenier de la maison qu’il habitait, une fois en retraite, à Vesoul (Haute-Saône), nous avions trouvé un jour, mon frère et moi, deux casques et deux masques à gaz qu’il avait rapportés de la guerre. Une fois coiffés et équipés (drôle d’odeur à l’intérieur des appareils pour respirer), nous descendîmes un jour pour lui faire la surprise… Scandale !

Brillamment décrite par Henri Barbusse dans Le Feu, publié en 1916 par Flammarion et qui remporta le prix Goncourt la même année, cette épreuve consume. Il est curieux de noter qu’un précédent livre de l’écrivain communiste, admirateur de Staline, portait pour titre L’Enfer (1908), sorte de prémonition de ce qu’il allait rencontrer lui-même en s’engageant dès le mois de décembre 1914, à l’âge de 41 ans, dans l’armée regroupée au front (231ème régiment d’infanterie), où il restera jusqu’en 1916.
Il faut alors réussir l’épreuve du feu – demeurer vivant – en esquivant la mitraille, en espérant que celle-ci ne vous a pas défini précisément comme cible, en vous abritant sous les rondins et derrière le parapet de la tranchée. Vos camarades sont forcément les prochaines victimes, pas vous.

C’est là que le feu brûle comme la glace et par intermittences non prévisibles : au passage de la Bérézina certains en gardaient un souvenir cuisant. Verdun était devenu une forge fantastique où Pétain n’était pas Vulcain mais celui qui fit fusiller « pour l’exemple » les mutins refusant d’aller à l’abattoir : le film de Stanley Kubrick, Les Sentiers de la gloire (1957), a reconstitué avec force cet épisode historique longtemps passé sous silence.
De nos jours, l’épreuve du feu est laissée aux pompiers. Ils ont pu la rencontrer récemment, sur une grande ampleur, avec l’incendie de l’usine Lubrizol, classée Seveso, à Rouen. « L’incident » n’a produit qu’un nuage de 22 km de long, dénué de toute « toxicité aiguë » (les cultures maraîchères et les élevages en plein air ont été néanmoins interdits dans quelques départements…), après que les flammes ont éclairé les lieux durant toute une nuit.

Pouvait-on, finalement, affronter l’épreuve du feu en se préparant au face-à-face grâce à un peu de pédagogie ? Les militaires professionnels en faisaient leur approche capitale, les pompiers leur exercice permanent. Pour sa part, au sein de l’éducation nationale, le corps enseignant ressentait de plus en plus les stigmates des grands brûlés. On se rappelait de la formule chantée par les élèves juste avant « les grandes vacances » (identique au titre d’un livre de Roland Dorgelès) : « Les cahiers au feu, les profs au milieu ! ».

(Paris, rue de Lancry, 10e, 19 septembre.)

texte et photo : Dominique Hasselmann

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En ce 15 octobre de l’an de grâce 2019, entrent dans la ronde des « Épreuve(s) »…
Dominique Hasselmann que j’accueille aujourd’hui. Cette fois-ci, je me rends chez Giovanni Merloni : Le portrait inconscient ; quant à lui il va chez Franck : A l’envi, puis Franck chez Marie-Christine Grimard : Promenades en ailleurs, Marie-Christine chez Jacques d'A. : La vie de Joseph Frisch, Jacques chez Dominique Autrou : La distance au personnage qui donne la main au premier Dominique : Métronomiques, etc.



mercredi 15 mai 2019

Désir(s) : Ronde de mai 2019 avec Hélène Verdier : Icônes

Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Désir(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Hélène Verdier qui est l’auteur du blog : « simultanées ».
Quant à Dominique Hasselmann, il accueille mon texte sur le sien : « Métronomiques ».

Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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Icônes

dans cet espace clos par de lourds rideaux gris, devenu rituel de toutes nos enfances, flotte la liberté de ces corps réunis. Nous pensons à Degas, à Matisse peut-être. Dans la ronde des instants, aurions voulu voler en recommencements, retours, sauts, pas glissés, en avant. Portés comme en apesanteurs. Bondissant vers les terres aimées, leurs odeurs, et d'autres horizons qui ne pourraient êtres que bercés par la mer, le clapotis de l'eau et une brise tiède. Les jours en projection, tous les temps confondus. Grâce des gestes simples en par delà d'oubli. Lumières sur la peau hérissée de frissons. Et le son de la voix qui transcende l'absence. Une image, vraiment.

Grand Quevilly, 12 mai 2019, Véronique.

© Danses, photographie de Hélène Verdier

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En ce 15 mai de l’an de grâce 2019, entrent dans la ronde des « Désir(s) »…
Franck écrit chez Hélène Verdier : simultanées,
Hélène chez moi qui vais rendre visite à Dominique Hasselmann : Métronomiques,
Dominique chez Noël Talipo : Talipo,
Guy chez Jean-Pierre Boureux : Voir et le dire, mais comment ? (Suite à la fermeture du blog lecteur de Jean-Pierre par Le Monde, Guy migre chez Franck),
Jean-Pierre chez Marie-Christine Grimard : Promenades en ailleurs,
Marie-Christine chez Giovanni Merloni : Le portrait inconscient,
Giovanni chez Jacques d'A : La vie de Joseph Frisch ;
enfin, Jacques chez Franck : A l’envi.


mardi 15 janvier 2019

Musique(s) : Ronde de janvier 2019 avec Giovanni Merloni



Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Musiques(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Giovanni Merloni qui est l’auteur du blog : « Le portrait inconscient ».
Quant à Guy Deflaux, il accueille mon texte sur le sien : « Wanagramme : Emaux et gemmes des mots que j'aime ».

Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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Giovanni Merloni, Le miroir brisé, collage numérique à partir d’un dessin A4 de 2007


Le silence est l’infini de la musique

Entre toi et moi, je ne vois que montagnes
d’incompréhension, que lagunes d’oubli,
que mers empoisonnées et ambiguës
où s’effondrent les arbres de cocagne
pointant au sommet d’étranges îles perdues.

Ta trompette sous le bras, ambitieuse
un beau soir tu as fui. De tes lèvres moqueuses
fredonnais un retour d’hirondelles
où sombraient nos jolies ritournelles
nos lointaines paroles d’amour.

Tu reviendras de ta ronde inféconde
la tête entre tes mains, déçue du monde
où tu n’auras trouvé que frénésie
qu’envie de tout brûler. Pas de poésie,
surtout, ni d’alchimie, comme entre nous.

Combien de fois, sans prudence
tu jouais de ton truc, que pour moi, le silence
et la joie de s’y perdre, d’y trouver
l’unisson, tel un chœur insouciant de violons,
et l’harmonie, pour une vraie symphonie !

Le silence est l’infini de la musique :
aux pôles opposés de la même cité
nous en savourerons d’infinies variétés
sans que cesse désormais la cruelle douleur
de te perdre à jamais, ô musique de mon cœur !

Giovanni Merloni

Giovanni Merloni, Le Nozze di Figaro, huile sur toile 70x100, 1984

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En ce 15 janvier de l’an de grâce 2019, entrent dans la ronde des « Musique(s) »…
Dominique Hasselmann chez Dominique Autrou: La distance au personnage, Dominique Autrou chez Hélène Verdier : simultanées, Hélène chez Noël Bernard : Talipo, Noël chez Jacques d'A. : La vie de Joseph Frisch, Jacques chez Giovanni Merloni : Le portrait inconscient. Giovanni vient de nouveau chez moi : Éclectique et Dilettante ; ensuite, j’attrape la main de Guy Deflaux qui me reçoit de nouveau chez lui : « Wanagramme :Emaux et gemmes des mots que j'aime ». Puis, Guy chez Marie-Christine Grimard : Promenades en ailleurs, Marie-Christine chez Franck : A l'envi, Franck chez Jean-Pierre Boureux : Voir et le dire, mais comment ?, Jean-Pierre chez Dominique Hasselmann : Métronomiques, etc.





jeudi 15 novembre 2018

Figures(s) : Ronde de novembre 2018 avec Guy Deflaux



Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Figures(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir de nouveau Guy Deflaux, qui est l’auteur du blog : « Wanagramme : Emaux et gemmes des mots que j'aime ».
Quant à Dominique Hasselmann, il accueille mon texte sur le sien : « Métronomiques ».

Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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En ce 15 novembre de l’an de grâce 2018, entrent dans la ronde des « Figures(s)... »



Je saisis la main de Guy Deflaux puis celle de Dominique Hasselmann qui me reçoit dans Métronomiques qui se rend chez Hélène Verdier : simultanées ; puis... Hélène chez Marie-Christine Grimard : Promenades en ailleurs, Marie-Christine chez Dominique Autrou :  la distance au personnage, Doninique chez Giovanni Merloni : le portrait inconscient, Giovanni chez Jacques d’Anglejan : La vie de Joseph Frisch, Jacques chez Franck Bladou : à l'envi ; enfin, Franck chez Guy Deflaux : « Wanagramme : Emaux et gemmes des mots que j'aime », etc.



samedi 15 septembre 2018

Arbre(s) : Ronde de septembre 2018 avec Guy Deflaux




Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Arbre(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Guy Deflaux, qui est l’auteur du blog : « Wanagramme : Emaux et gemmes des mots que j'aime ».
Quant à Jacques, il accueille mon texte sur le sien : « La vie de Joseph Frisch ».

Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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En ce 15 septembre de l’an de grâce 2018, entrent dans la ronde « Arbres(s)... »
Je vais chez Joseph Frisch, qui va chez Jean-Pierre, qui va chez Noël Bernard, qui va chez Hélène Verdier, qui va chez Franck Bladou, qui va chez Giovanni Merloni, qui va chez Marie-Christine Grimard, qui va chez Dominique Autrou, qui va chez Dominique Hasselmann, qui va chez Guy Deflaux que j’ai le plaisir d’accueillir pour la deuxième fois.





dimanche 15 juillet 2018

Désert(s) : Ronde de juillet avec Giovanni Merloni


Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Désert(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Giovanni Merloni qui est l’auteur du blog : « Le portrait inconscient ».
Quant à Marie-Christine Grimard, elle accueille mon texte sur le sien : « Promenades en Ailleurs ».
Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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« Ils ont fait un désert et l’ont nommé Paix… »


Le Nil vu de l'avion, janvier 1983

Dans les adorées cartes muettes de mon adolescence — où les mers et les fleuves prenaient orgueilleusement le dessus vis-à-vis du réseau des villes, des routes et des lignes ferroviaires avec les volcans, les failles géologiques et les tremblements de terre, les déserts figuraient surtout comme un phénomène de la Nature ayant sans doute la fonction de rappeler aux humains que rien n’est acquis à jamais, parce que tout demeure dans un équilibre plus ou moins précaire : tout change continuellement, il faut donc faire toujours attention

Le désert qu’on voit d’en haut de l’avion descendant sur Le Caire, ressemble aux dunes qui longent les océans et les mers. Également, une plage méditerranéenne assiégée par le soleil d’été évoque en moi le désert, un endroit redoutable où l’on peut facilement se perdre et mourir de soif.
Cela entraîne aussi des personnages emblématiques, comme Saint Antoine harcelé par le Démon, ou l’ambigu Lawrence d’Arabie, ou alors les archéologues qui ont creusé les sables à la découverte des civilisations ensevelies avec leurs alliés les spéléologues, toujours prêts à se faufiler dans les abîmes et les galeries souterraines les plus effrayantes.
Avec son hypothèse de mirages et de mondes mystérieux qui bougent jour et nuit au-dessous d’une immense surface inhospitalière, le désert garde dans notre culture occidentale un charme contradictoire, comme tous les extrêmes d’ailleurs. Voilà alors que le désert est convoqué dans nos métaphores quotidiennes :
« On a dû traverser le désert, avant d’atteindre un peu de bonheur et tranquillité… »
Ou alors dans certaines expressions emblématiques :
« (au Viêt Nam) les États-Unis ont fait un désert et l’ont nommé Paix… »
« … en ce désert surpeuplé qu’on appelle Paris… » (s’exclame Violetta dans la Traviata de Giuseppe Verdi)
et cætera…

Cependant, toutes ces images risquent de devenir anachroniques de nos temps méchants, où le désert a cessé désormais de se figer quen métaphore des hauts et des bas de la planète. Parce qu’aujourd’hui une pareille sensation de manque (et disparition de la vie animale et naturelle) est partout et nulle part, tandis que la notion même de désert se décline et se multiplie de façon impressionnante en contribuant de plus en plus, hélas, à la désertification de notre espérance de vie.

Dans les années 1960, en Italie, les rares personnes qui en avaient la conscience, s’inquiétaient vivement et criaient vainement au scandale pour l’édification sauvage qui serrait dans un étau de béton les Temples d’Agrigento, par exemple, ou pour la destruction des côtes, jusque-là presque intactes, où proliféraient sans aucune règle les lotissements de villas privées. Et lon n’était qu’aux exordes d’un phénomène de « sertification immobilière » qui a progressivement appauvri notre pays sans pour autant enrichir les communautés au fur et à mesure concernées.
Je vois maintenant qu’une massive urbanisation sans scrupule ni loi se déclenche aussi autour des pyramides du Caire : le désert de béton est en train d’engloutir l’ancien désert de sable ayant la fonction, depuis des siècles, de « filtre » ou de « jardin » vis-à-vis du plus extraordinaire site archéologique de la Terre !

Certes, rien n’est vraiment définitif sur les cinq continents. Les Pyramides retrouveront un jour, sans doute, l’aura incontournable que ces assauts irresponsables sont en train de leur enlever. Et les forêts aussi, ces poumons indispensables pour la vie animale, résisteront à la faux assassine où seront remplacées, un jour

On pourrait écrire des livres et des livres pour témoigner un à un les crimes contre la Nature que les hommes sont en train de perpétrer, en expliquant (moi aussi j’ai essayé de le faire) les logiques perverses et souvent criminelles où lindifférence et la vénalité fusionnent sous la bénédiction d’un capitalisme de plus en plus malade et agressif.

Atterrissage au Caire, janvier 1983

Mais à quoi bon en parler, s’il n’y a pas quelqu’un capable de travailler dans le sens contraire de toutes ces destructions, voire dans la bonne direction ? À quoi bon jouer du scandale comme s’il s’agissait d’une harpe mélancolique qui résonne dans un vide de mort au lendemain d’une nouvelle Hiroshima ? J’ai toujours cru que les humains, chacun dans sa spécificité, garderont toujours assez d’intelligence et de savoir-faire pour « repartir de trois » (comme le disait l’inoubliable acteur-réalisateur Massimo Troisi) après la débâcle d’un système économique et social qui ne marche pas (surtout quand on prétend de le remettre « en marche », en insistant sur des « réformes » qui se sont déjà révélées en d’autres pays nuisibles pour la société et la démocratie).
Pour repartir, comme après un écrasant chagrin, il nous faudra un peu de silence, beaucoup de vigilance républicaine etdes hommes et des femmes de bonne volonté.

Oui, je ne crois pas aux génies, auxquels je suis prêt à accorder les droits d’auteur pour d’éventuelles découvertes scientifiques ou des innovations technologiques positives. Mais les gens trop intelligents (surtout ceux qui prétendent l’être) devraient être regardés avec respectdonc avec le légitime soupçon qu’ils ne seraient pas à la hauteur de diriger les vies des autres ni de faire vraiment du bien pour les autres. Sauf des exceptions, bien sûr, notamment dans le monde de l’art…

Oui, dans le silence qui succédera à la désertification violente et belliqueuse à laquelle nous assistons dans un angoissant sentiment d’impuissance, ce seront surtout les travailleurs honnêtes, les bons pères et mères de famille, les gens qui offriront humblement leurs habiletés et expériences comme un service, qui pourront remettre debout le pantin et reconstruire le jouet irrémédiablement cassé.

Des hommes et des femmes de bonne volonté, guidés, comme les personnages de José Saramago dans « Aveuglement », par quelqu’un qui a encore les yeux bons pour voir où mettre les mains et les pieds.

En cette hypothèse doptimisme désespéré, l’homme extraordinaire « qui plantait des arbres » dans le merveilleux livre de Jean Giono, s’avère, encore plus aujourd'hui, comme une figure exemplaire et charismatique dont la route vertueuse devrait être indiquée aux nouvelles générations :

« Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffit pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu. » (1)

Giovanni Merloni

(1) Jean Giono : L'homme qui plantait des arbres (1983), Collection Folio Cadet, Gallimard Jeunesse, 2002


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En ce 15 juillet de l’an de grâce 2018, entrent dans la ronde des « Désert(s) »…
Marie-Christine Grimard chez Jacques : La vie de Joseph Frisch,
Jacques chez Dominique Autrou : La distance au personnage,
Dominique Autrou chez Dominique Hasselmann : Métronomiques,
Dominique Hasselmann chez Franck : À l'envi,
Franck chez Céline Gouël Mes esquisses,
Céline Gouël chez Jean-Pierre Boureux : Voir et le dire, mais comment ?,
Jean-Pierre Boureux chez Giovanni Merloni : Le portrait inconscient,
Giovanni Merloni chez moi : Éclectique et Dilettante,
enfin, j’attrape la main de Marie-Christine : Promenades en ailleurs ; etc....