dimanche 30 septembre 2018

Dix-huit secondes à l'heure des sardines



Une adolescente éteint sa cigarette avant de monter dans le bus - elle pense qu'à cet âge elle aussi elle fumait mais dans le bus c'était bien avant la loi Évin quand sa mère lui disait qu'elle sentait le tabac elle disait toujours que c'était les autres ses parents n'étaient pas dupes. Elle court pour attraper le bus elle sera la dernière à monter c'est sans doute elle qui a le plus petit sac les élèves qui sortent des écoles alentours ont tous des sacs à dos parfois débordants de livres et de cahiers il y a l’éternelle retraitée avec son caddie regorgeant de courses - elle pense à son sac à dos à elle qu'elle essaie de ne pas trop remplir puisqu'elle l'a adopté afin de lutter contre le mal de dos tout comme le caddie qu'elle utilise depuis quelques années pour faire ses courses. Lui est monté sans lâcher son téléphone il n'a pas salué le chauffeur il n'a pas validé sa carte Navigo qu'il a pourtant à la main - elle pense qu'elle est un dinosaure elle se souvient du temps où il fallait trouver une cabine téléphonique si l'on voulait prévenir d'un retard elles ont presque disparues les cabines on restait chez soi si l'on attendait un coup de fil important aujourd'hui encore elle n'aime pas avoir des conversations téléphoniques personnelles en public. Elle sur le trottoir plus exactement sur la piste cyclable droite comme un i tout de noir vêtue quelques paillettes d'argent dans la jupe casque noir assorti port altier - elle pense qu'elle n'a jamais voulu faire de vélo en ville que de toute façon elle n'aurait jamais pu avoir cette élégance dans l’adversité de la circulation urbaine. Deux collégiens se tiennent la main les autres ricanent dans leur dos mais ils n'en ont cure ils se mangent des yeux ils sont les seuls à avoir abandonné leurs portables au fond de leur poche - elle pense à son premier amour d'adolescente qu'elle avait embrassé au fond du bus justement sur le chemin du retour celui du collège. Une femme se plaint de ne pas pouvoir se retenir à un poteau ou à une barre entre sa place assise et la porte de sortie dans ces nouveaux bus - elle pense que nouveaux ils ne le sont plus tant que ça un an déjà peut-être deux qu'ils ont remplacé les anciens elle pense qu'elle est quelquefois cette femme qui dit haut et fort que ces bus ne sont pas adaptés qu'ils ont été conçus par quelqu'un qui ne le prend jamais le bus et surtout qui n'a pas d'arthrose. Le jeune homme debout devant elle à un beau petit cul bien ferme elle profite des cahots du bus pour le frôler avec son ventre - elle pense que si c'était le contraire elle se retournerai indignée et lui lancerai un regard noir comme elle l'a déjà fait par le passé pas de scandale ce n’est pas son genre - elle pense dix-huit secondes à l'heure des sardines c'est long.


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Ce texte a été écrit sur les indications de « Personnages 6 » du cycle d'ateliers d'écriture de l'été 2017 proposé par François Bon, sur le Tiers-Livre : les dix-huit secondes d’Artaud ». Arrivé trop tard, il ne fut pas publié. Un an après, vous le découvrez ici.






samedi 15 septembre 2018

Arbre(s) : Ronde de septembre 2018 avec Guy Deflaux




Aujourd'hui, la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème « Arbre(s) ».
Le principe, aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Guy Deflaux, qui est l’auteur du blog : « Wanagramme : Emaux et gemmes des mots que j'aime ».
Quant à Jacques, il accueille mon texte sur le sien : « La vie de Joseph Frisch ».

Merci à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs lecteurs.

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En ce 15 septembre de l’an de grâce 2018, entrent dans la ronde « Arbres(s)... »
Je vais chez Joseph Frisch, qui va chez Jean-Pierre, qui va chez Noël Bernard, qui va chez Hélène Verdier, qui va chez Franck Bladou, qui va chez Giovanni Merloni, qui va chez Marie-Christine Grimard, qui va chez Dominique Autrou, qui va chez Dominique Hasselmann, qui va chez Guy Deflaux que j’ai le plaisir d’accueillir pour la deuxième fois.