disparu
mort
perdu
désavoué
dans sa qualité d’être humain
disparus
en mer
l’esclave
enchaîné dans les cales, le marin d’ici ou d’ailleurs, le
boat-people d’hier, le migrant d’aujourd’hui
disparus,
avalés par Héphaïstos
l’ouvrière
du textile au Bangladesh, l’enfant vietnamien ou syrien qui court
sous les bombes, l’habitant d’Hiroshima ou de Tchernobyl
disparus,
dévorés par Mammon
l’ouvrier
licencié par Renault ou ArcelorMital, le SDF sur le trottoir de
Manhattan, la jeune femme abandonnée au cancer dans les usines
Samsung
disparues,
proies du dieu phallus
la
prostituée de Ciudad Juarez, la femme de réconfort coréenne,
l’épouse tuée par les coups de son conjoint
disparus,
broyés par les mâchoires de Seth
le
poilu dans la tranchée, le déporté à Auschwitz, le condamné au
goulag sibérien, le prisonnier à Guantánamo
disparus
inconnus
ou icônes
leur
voix et leur cri
leur
visage
dans
nos vies
dans
nos nuits
lieux
de mémoire
mémoire
sans lieu
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Ce
texte a été publié pour la première fois sur « Carnet
de Marseille »,
le blog d’Eric
Schulthess,
dans le cadre
des
Vases
Communicants d'avril
2017.
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