Nous
avions convenu, Marie-Noëlle et moi, d'écrire nos textes sur le
thème des "vases communicants", en respectant des
contraintes oulipiennes que chacun de nous a imposées à l'autre.
Marie-Noëlle m'a proposé d'écrire un pantoum (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pantoum
) antérimé ( http://oulipo.net/fr/contraintes/anterime
).
D'abord
proche du sablier, la clepsydre a été fortement améliorée en lui
appliquant le principe des vases communicants. C'est pourquoi j'ai
pensé à elle pour les secondes parties des strophes de ce poème,
m'inspirant du sort malheureux de la belle clepsydre moderne de
Bernard Gitton qui, après avoir orné la Plaine des Caffres à la
Réunion, a été détruite par le cyclone Felleng en 2013. Les vases
communicants sont aussi présents à mes yeux dans les premières
parties des strophes, jusqu'à la dernière où les deux séquences
parallèles viennent communiquer entre elles."
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Clepsydre de Bernard Gitton © Wikipédia |
Le
temps s'est arrêté
Parce
que leurs mains se sont rencontrées
Courut
dans leur chair un flot de chaleur.
Pareil
à l'élan souple des marées
Courbe,
en la clepsydre, est le temps fileur.
Courut dans leur chair un flot de chaleur
Et
lentement leurs chemins se mêlèrent.
Courbe,
en la clepsydre, est le temps fileur
Hélant
ces fous dont le rêve est solaire.
Et lentement leurs chemins se mêlèrent
Parcours
fougueux aux rebonds anguleux.
Hélant
ces fous dont le rêve est solaire,
Par
brusques flux sourdent les filets bleus.
Parcours fougueux aux rebonds anguleux
Où
vacillent les étoiles filantes.
Par
brusques flux sourdent les filets bleus
Ouvrant
le compte acerbe des attentes.
Où vacillent les étoiles filantes
Les
saisirent d'un coup l'ombre et le froid.
Ouvrant
le compte acerbe des attentes
L'espoir
a du retard, accourt l'effroi.
Les saisirent d'un coup l'ombre et le froid
Quand
se sont donné l'étreinte dernière.
L'espoir
a du retard, accourt l'effroi :
Qu'en
ses débris clepsydre est sans lumière !
Quand se sont donné l'étreinte dernière,
Silence
vint comme un caveau béant.
Qu'en
ses débris clepsydre est sans lumière
S'illutant
sous le limon fainéant.
Silence vint comme un caveau béant,
Paroi
sourde où leurs âmes sont murées,
S'illutant
sous le limon fainéant,
Parce
que leurs mains se sont rencontrées.
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François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle depuis le mois de novembre dernier.
Aujourd’hui,
j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Noël Bernard pour ces
Vases Communicants et de publier son texte « Le temps s'est
arrêté » chez La dilettante.
Je
le remercie d'accueillir mon texte « Ça
c'est
bath ! »
sur son blog : « Talipo :
tapages libres, poèmes ».
Beau va-et-vient (on pourrait dire "métronomique"...), tout s'écoule et tout revient avec grâce.
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