Kate gun belt seated front view © Sam Haskins |
J’ai
toujours aimé les armes à feu. Surtout avec le bruit du silencieux.
Je m’interroge régulièrement sur le modèle que je pourrais
posséder. Maniable, pas trop lourd.
J’imagine
passer le balai à coups de .38. Devenir tueur à gages, en faire un
métier, gagner de l’argent. Etre engagée et désirée comme une
actrice, minuter des scènes et contrôler la chute. Evidemment
tirer, c’est viser. Centrer. Une photo. Défilent ces images en
noir et blanc, imaginaires sans doute, où je crois voir du Moriyama.
En tout cas je vois le Japon en feu, les maisons détruites. La
bombe.
Marcher
dans la fumée, tenace, avec un but, parce que la vie c’est long
quand on y est perdu, qu’on ne sait pas quoi en faire. Ne te pointe
pas devant moi. Ne me cherche pas. Je tire.
Je
l’entends dire : c’est un substitut phallique les armes. C’est
possible. Je n’ai rien lu là-dessus, je ne parle pas des
terroristes. Les gens ne comprennent pas la douceur de l’arme dans
la main, l’équilibre, cette tension noire. Voyez, ce n’est pas
le pouvoir : c’est doux, c’est tendre, ça se caresse comme un
sexe.
Je
ne prends pas la vie. Je m’en fous de la vie. C’est la mort qui
est belle. Le silence. Les yeux fermés. Les membres tordus. C’est
à cet art-là que je tends. Des scènes étendues, étirées, le
tempo sans couleur. Je vois le film, le négatif comme autrefois,
impressionné de rouge en noir. La mort est belle en noir et blanc.
François
Bon
a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque
mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par
Brigitte
Célérier
; Angèle
Casanova
a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle
depuis le mois de novembre dernier.
Aujourd’hui,
j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Anne-Sophie Bruttmann
pour ces Vases Communicants et de publier son texte « Tension
noire (1/2) » sur La dilettante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire