Aujourd'hui,
la ronde, s’enroule et se déroule sur le thème «
Épreuve(s) ».
Le
principe,
aussi simple que la danse enfantine : le premier écrit chez le
deuxième, qui écrit chez le troisième, et ainsi de suite.
Ce
mois-ci, j'ai le plaisir de recevoir Dominique Hasselmann qui est
l’auteur du blog : « Métronomiques ».
Merci
à tous les deux, à tous ceux qui font la ronde et à leurs
lecteurs.
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Épreuve
de philosophie
(4
heures)
Sujet :
Épreuve(s).
Mon
grand-père paternel avait été un combattant de Verdun. Tout
petits, nous l’écoutions raconter ses jours passés dans les
tranchées, la boue, la pluie, le froid, la sensation qu’il était
impossible « d’en revenir ». Il avait connu « l’épreuve
du feu ». Ce déluge de shrapnels, ces bombardements
incessants, le sifflement des balles de fusils et de mitrailleuses
des soldats d’en face, « les Boches » : la
symphonie pour un massacre était restée gravée dans sa mémoire.
Dans
le grenier de la maison qu’il habitait, une fois en retraite, à
Vesoul (Haute-Saône), nous avions trouvé un jour, mon frère et
moi, deux casques et deux masques à gaz qu’il avait rapportés de
la guerre. Une fois coiffés et équipés (drôle d’odeur à
l’intérieur des appareils pour respirer), nous descendîmes un
jour pour lui faire la surprise… Scandale !
Brillamment
décrite par Henri Barbusse dans Le Feu, publié en 1916 par
Flammarion et qui remporta le prix Goncourt la même année, cette
épreuve consume. Il est curieux de noter qu’un précédent livre
de l’écrivain communiste, admirateur de Staline, portait pour
titre L’Enfer (1908), sorte de prémonition de ce qu’il
allait rencontrer lui-même en s’engageant dès le mois de décembre
1914, à l’âge de 41 ans, dans l’armée regroupée au front
(231ème régiment d’infanterie), où il restera
jusqu’en 1916.
Il
faut alors réussir l’épreuve du feu – demeurer vivant – en
esquivant la mitraille, en espérant que celle-ci ne vous a pas
défini précisément comme cible, en vous abritant sous les rondins
et derrière le parapet de la tranchée. Vos camarades sont forcément
les prochaines victimes, pas vous.
C’est
là que le feu brûle comme la glace et par intermittences non
prévisibles : au passage de la Bérézina certains en gardaient
un souvenir cuisant. Verdun était devenu une forge fantastique où
Pétain n’était pas Vulcain mais celui qui fit fusiller « pour
l’exemple » les mutins refusant d’aller à l’abattoir :
le film de Stanley Kubrick, Les Sentiers de la gloire (1957),
a reconstitué avec force cet épisode historique longtemps passé
sous silence.
De
nos jours, l’épreuve du feu est laissée aux pompiers. Ils ont pu
la rencontrer récemment, sur une grande ampleur, avec l’incendie
de l’usine Lubrizol, classée Seveso, à Rouen. « L’incident »
n’a produit qu’un nuage de 22 km de long, dénué de toute
« toxicité aiguë » (les cultures maraîchères et
les élevages en plein air ont été néanmoins interdits dans
quelques départements…), après que les flammes ont éclairé les
lieux durant toute une nuit.
Pouvait-on,
finalement, affronter l’épreuve du feu en se préparant au
face-à-face grâce à un peu de pédagogie ? Les militaires
professionnels en faisaient leur approche capitale, les pompiers leur
exercice permanent. Pour sa part, au sein de l’éducation
nationale, le corps enseignant ressentait de plus en plus les
stigmates des grands brûlés. On se rappelait de la formule chantée
par les élèves juste avant « les grandes vacances »
(identique au titre d’un livre de Roland Dorgelès) : « Les
cahiers au feu, les profs au milieu ! ».
(Paris,
rue de Lancry, 10e, 19 septembre.)
texte
et photo : Dominique Hasselmann
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En
ce 15 octobre de l’an de grâce 2019, entrent dans la ronde des
« Épreuve(s) »…
Dominique
Hasselmann que j’accueille aujourd’hui. Cette fois-ci, je me
rends chez Giovanni Merloni : Le portrait inconscient ;
quant à lui il va chez Franck : A l’envi,
puis Franck chez Marie-Christine Grimard : Promenades en ailleurs,
Marie-Christine chez Jacques d'A. : La vie de Joseph Frisch,
Jacques chez Dominique Autrou : La distance au personnage
qui donne la main au premier Dominique : Métronomiques,
etc.
Ca ne laisse pas indifférent. Ça déclenche de la nostalgie sur une époque passée ( enfance gds parents ) et sur beaucoup d'actualité
RépondreSupprimer@ Unknow : mention figurant (mais en français) sur des croix de bois dans certains cimetières de "Poilus"... :-)
RépondreSupprimer(pour une rédaction/dissertation de 4 heures, tu aurais pu développer) (j'aurais bien aimé voir la tête du grand père lorsque les deux olibrius ont débarqué dans le salon, tiens..!)
RépondreSupprimer@ Anonyme : Je connais l'attention portée à la lecture des blogs, donc je ne saurais abuser de cette faculté limitée (d'autant que l'ironie du titre provoquait ce concentré flambant... :-)
RépondreSupprimerLa pluie a dû faire fuir l'odeur, désormais, mais qui se préoccupera des désagréments subis par les vers de terre...
RépondreSupprimerHi, great reading your post
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