Pointons
ce mois-ci les procédés, malins ou joyeux, lapidaires
ou réfléchis, déjà invisibles à force d’évidence ou
vraisemblablement inédits, qui secouent nos
habitudes de lecture sur écran : ces pratiques
minuscules qui nous font dire et sentir « Ce que je lis
ici, jamais, je ne pourrais le lire et le voir sur une page ».
Lorsque
j'ai pris connaissance du thème de la dissémination de ce mois de
novembre proposé par Grégory Hosteins : « Ponctuation
de l'écriture web », j'ai immédiatement pensé à disséminer
« Les Balises » de Julien Boutonnier qui, lorsque je lui
en ai demandé l'autorisation comme il est d'usage ici, a accepté et
je l'en remercie.
Il
y a quelques jours, Julien Boutonnier a fait lui-même une
présentation du projet Balises sur Peut(-)être,
son blog. En voici un aperçu qui a plus particulièrement trait au
thème d'aujourd'hui. Pour plus de clarté, vous pouvez en lire
l'intégralité.
Je
vous donnerai ensuite à découvrir les quatre versions de la balise
« Ń (4,M) ».
« Le
projet des balises est un dispositif d’écriture poétique ayant
pour vocation d’aboutir à une édition qui se décline en un site
web, un livre numérique ainsi qu’un livre papier. Chaque support
interagit avec l’écriture pour proposer trois expériences de
lecture différentes et complémentaires.
[…]
Pour cela, nous proposons d’agir par dispersion. Un saut est opéré,
depuis la linéarité du texte imprimé vers un réseau de textes
dispersés et interconnectés entre eux. Dès lors, ce qui s’offre
au lecteur n’est pas un sommaire organisé préalablement mais une
circulation d’un fragment de texte à un autre, selon des
contingences plus ou moins provoquées, plus ou moins hasardeuses.
[…]
Chaque balise fonctionne comme un relais dans le territoire du vide.
Selon la logique du trauma, ce n’est plus le vide qui relie et
sépare les objets, mais les objets, ici donc les textes, qui sont au
service du vide, le ponctuant, le rythmant, y dessinant des parcours
d’exploration propices à ressentir, imaginer, créer.
[…]
Une balise n’est pas narrative. Elle rythme l’errance du lecteur
dans le réseau des textes donnant figure au territoire du vide
propre au trauma. Elle se présente comme une matière de langue qui
se définie d’abord dans une dialectique avec le vide qu’elle
sert.
[…]
Une place décisive est faite à la ponctuation qui, détournée de
son usage commun, intervient comme interface entre le sens, le rythme
et la matérialité des caractères. Elle confère aux textes une
qualité de vibration que nous souhaitons proche d’un effet propre
à la peinture.
[…]
A la différence du livre numérique qui est constitué en univers
clos sur lui-même, le site web est pensé comme espace ouvert appelé
à croître et se ramifier dans le temps. »