vendredi 3 juin 2016

Vases Communicants du 3 juin 2016 : Invité : Noël Bernard : « Le temps s'est arrêté »




Nous avions convenu, Marie-Noëlle et moi, d'écrire nos textes sur le thème des "vases communicants", en respectant des contraintes oulipiennes que chacun de nous a imposées à l'autre. Marie-Noëlle m'a proposé d'écrire un pantoum ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Pantoum ) antérimé ( http://oulipo.net/fr/contraintes/anterime ).


D'abord proche du sablier, la clepsydre a été fortement améliorée en lui appliquant le principe des vases communicants. C'est pourquoi j'ai pensé à elle pour les secondes parties des strophes de ce poème, m'inspirant du sort malheureux de la belle clepsydre moderne de Bernard Gitton qui, après avoir orné la Plaine des Caffres à la Réunion, a été détruite par le cyclone Felleng en 2013. Les vases communicants sont aussi présents à mes yeux dans les premières parties des strophes, jusqu'à la dernière où les deux séquences parallèles viennent communiquer entre elles."

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Clepsydre de Bernard Gitton © Wikipédia

Le temps s'est arrêté


Parce que leurs mains se sont rencontrées
Courut dans leur chair un flot de chaleur.
Pareil à l'élan souple des marées
Courbe, en la clepsydre, est le temps fileur.

Courut dans leur chair un flot de chaleur
Et lentement leurs chemins se mêlèrent.
Courbe, en la clepsydre, est le temps fileur
Hélant ces fous dont le rêve est solaire.

Et lentement leurs chemins se mêlèrent
Parcours fougueux aux rebonds anguleux.
Hélant ces fous dont le rêve est solaire,
Par brusques flux sourdent les filets bleus.

Parcours fougueux aux rebonds anguleux
Où vacillent les étoiles filantes.
Par brusques flux sourdent les filets bleus
Ouvrant le compte acerbe des attentes.

Où vacillent les étoiles filantes
Les saisirent d'un coup l'ombre et le froid.
Ouvrant le compte acerbe des attentes
L'espoir a du retard, accourt l'effroi.

Les saisirent d'un coup l'ombre et le froid
Quand se sont donné l'étreinte dernière.
L'espoir a du retard, accourt l'effroi :
Qu'en ses débris clepsydre est sans lumière !

Quand se sont donné l'étreinte dernière,
Silence vint comme un caveau béant.
Qu'en ses débris clepsydre est sans lumière
S'illutant sous le limon fainéant.

Silence vint comme un caveau béant,
Paroi sourde où leurs âmes sont murées,
S'illutant sous le limon fainéant,
Parce que leurs mains se sont rencontrées.


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François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier vendredi de chaque mois, que j’ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés par Brigitte Célérier ; Angèle Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014. Je remplace Angèle depuis le mois de novembre dernier.




Aujourd’hui, j’ai donc le très grand plaisir de recevoir Noël Bernard pour ces Vases Communicants et de publier son texte « Le temps s'est arrêté » chez La dilettante.


Je le remercie d'accueillir mon texte « Ça c'est bath ! » sur son blog : « Talipo : tapages libres, poèmes ».





1 commentaire:

  1. Beau va-et-vient (on pourrait dire "métronomique"...), tout s'écoule et tout revient avec grâce.

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