Nous
étions restés dans l'ombre de nos vies. Nous observions les démarches et
écoutions les voix. Nous nous cherchions dans le pas à pas. Nous laissions
pousser les oliviers. Avions déposé les rapidités à nos pieds, les cris, les
courses effrénées, les histoires emmêlées et les amours incomprises. Etions
partis à la recherche des présents. N'étions pas partis justement, restés sur
place, attendant de prendre racine, nous tenir droit et soi. Nous défaire des
murs, des grillages, des tenues et habillages. Et boire les présents comme on
boit aux sources dans le profond de la terre. Nous avions compris l'urgence
d'inventer le temps long, de ralentir la pellicule jusqu’à l'arrêt, chaque millimètre
comme présent du temps, impérativement. Nous n'avions que le temps du temps.
Pas le moindre souffle de précipitation. Un torrent de présents. Un absolu du
vide ouvert et paisible. Nous pouvions tout embrasser, parcourir tous les
chemins sans jamais être partis, par-delà l'espace et le temps, chaque instant,
être les hommes qui marchent, figés dans leur socle de bronze, dans l'élan de l'avant.
François Bon a été à l’origine de ces échanges le premier
vendredi de chaque mois. Je les ai découverts alors qu’ils étaient coordonnés
par Brigitte
Célérier ; Angèle
Casanova a pris le relais à partir de novembre 2014.
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d'accueillir Rixile pour ces Vases Communicants et de publier sur La dilettante son texte "Les présents". Merci à elle d'accueillir mes "Petits présents" sur son blog.
Le temps de l'attente (arrêté par Giacometti)...
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